Retraite : à quel âge faut-il ouvrir un PERP ?
Dur de ne pas s’intéresser au PERP quand on écoute son banquier vous vanter les mérites de ce produit d’épargne retraite qui vous permet de réduire vos impôts maintenant tout de suite ! Pourtant, vous feriez mieux d’y réfléchir à deux fois, avant de souscrire à ce produit financier d’un intérêt discutable, en particulier si vous êtes jeune…
Comment fonctionne le PERP ?
Ce que les Français retiennent généralement du PERP, c’est la réduction d’impôts sur les versements. Attention, c’est uniquement le sommet de l’iceberg : le PERP, ou Plan d’Epargne Retraite Populaire est un produit d’épargne à long terme qui permet, contre le versement ponctuel ou régulier d’un capital, d’obtenir un revenu régulier supplémentaire à la retraite. Cela vous permet de toucher une rente viagère (un revenu régulier), voire d’en récupérer une partie en capital (20%). Sous certaines conditions, le PERP peut être débloqué à la retraite pour l’acquisition d’une résidence principale.
N’espérez pas cependat récupérer votre argent facilement avant la retraite, les conditions de déblocage sont quasi nulles. En contrepartie, effectivement, il y a une carotte fiscale : chaque année, les sommes versées sur un PERP sont déductibles (pour chacun des membres du foyer fiscal), mais uniquement jusqu’à un plafond de 10% des revenus professionnels de l’année précédente ou 3 862 € si ce montant est plus élevé.
Vous économisez donc l’année de votre versement de l’impôt sur le revenu, mais vous le paierez à nouveau quand vous toucherez votre rente viagère à la retraite.
Le PERP : des inconvénients lourds
Vous l’aurez compris, les inconvénients du PERP sont lourds, puisque vous ne pourrez pas récupérer votre argent sous forme de capital. Si vous mourrez avant la retraite, la personne de votre choix pourra toucher une rente elle aussi, mais pas plus récupérer le capital.
Autant dire que vous pouvez faire une croix sur l’argent de votre PERP pour acheter un appartement ou une maison, mener à bien un projet personnel, etc. L’argent du PERP est bel et bien bloqué, sauf rares raisons, que je ne vous souhaite pas :
- Invalidité
- Décès de l’époux ou du partenaire de Pacs
- Expiration des droits aux allocations chômage
- Surendettement
- Cessation d’activité non salariée à la suite d’un jugement de liquidation judiciaire
A quel âge faut-il ouvrir un PERP ? Pas avant 50 ans !
Alors pourquoi ouvrir un PERP ? Disons le franchement, ouvrir un PERP ne sert à rien avant 50 ans : la réduction d’impôts l’année du versement ne justifie pas le blocage pendant (jusqu’à) 40 ans sur un produit financier quel qu’il soit. Encore plus alors que le choix de bons supports d’investissement au sein d’un PERP est limité, et que vous trouverez bien mieux sur un PEA (trackers, actions en direct, etc.). Sans oublier que les frais de gestion d’un PERP sont généralement rédhibitoires…
Après 50 ans, réfléchissez-y quand même, si vous êtes dans un cas assez précis : vos revenus sont hauts (tranche marginale d’imposition au moins à 30%) et vous anticipez une réduction sensible de vos revenus à la retraite. Grâce à l’effet tunnel du PERP, vous pourrez ainsi éviter de payer de l’IR à une tranche d’imposition élevée, pour le payer quelques années plus tard mais à un taux beaucoup plus bas. Gain de l’opération : la différence entre votre taux marginal d’imposition aujourd’hui et celui de votre retraite !
Le PERP, celui qui y gagne, c’est votre banquier !
Pourquoi alors votre banquier insiste-t-il pour vous faire ouvrir un PERP ? Encore une fois, comme avec quasi tout produit de défiscalisation, le seul gagnant c’est l’intermédiaire, à savoir lui. Et le PERP a tout pour lui plaire : client engagé pour plusieurs dizaines d’années, impossibilité de sortir facilement du produit, frais récurrents à facturer à un marché captif… Présenté comme ça, vous voyez mieux l’avantage du PERP… pour votre banquier !